Laure M. Libraire
Une réflexion sociale et une ode à l'amitié

Le narrateur, surnommé Stress, est un « blanc » qui a grandi avec sa mère dans le quartier du Panier. D’un coté, il hérite de l’éducation culturelle de sa mère, lettrée et engagée. De l’autre, il se construit dans une vie de quartier pauvre, cosmopolite, bagarreuse, torturée mais aussi touchante, drôle, solidaire. C’est ici qu’il se lie d’amitié avec cinq gars tous venus d’ailleurs : Nordine, Ichem, Kassim, Djamel et Ange. Avec eux, il fait les quatre cents coups. Puis vient le jour où le quartier se disloque. Les politiques urbaines se saisissent d’un nouveau phénomène : la gentrification, processus par lequel des quartiers populaires se voient profondément transformés par l’arrivée de nouveaux habitants issus de classes moyennes et supérieures, à savoir des « bobos » ou des « Venants » comme Stress et sa bande les nomment. C’est un peu ça que souhaite nous montrer l’auteur : un paysage social et urbain de Marseille. Nous raconter aussi ce que sont devenus ses amis, des invisibles qui n’ont pas su suivre la hausse des prix fonciers. Aujourd’hui, ils sont « chauffeur de bus, agent de sécurité, dealer, RSA ». Tout le roman est un va-et-vient entre leur adolescence et leur vie d’adulte. Et lui, Stress, cherche à faire un film de ces vies-là. Le roman, c’est l’histoire de ce film inabouti. Les mots supplantent l’image. Des mots imagés, contemporains, drôles, parfois acides… Une langue à découvrir !