Romain P. Libraire

Dans la Ruelle, quartier des prostitués d'une ville d'Inde, des êtres survivent dans une société fermée. Ananda Devi, d'une langue puissante et organique, délivre ces corps d'une réalité tragique en leur offrant la force d'une fourmi...
On dit du rire qu'il est contagieux, celui des déesses s'entend avec éclat et se diffuse dans les oreilles d'un lecteur enchanté.

Alex-Mot-à-Mots
castes, Inde

Ce roman m’a offert une plongée en Inde. Dans une ville du nord du pays survivent une mère et sa fille dans la Ruelle, le quartier des prostituées.

Veena est une mère pleine de colère qui se désintéresse de sa fille, bouche inutile à nourrir. Chinti grandit comme elle peut derrière la cloison qui la sépare des activités de sa mère.

Mais à 10 ans, Chinti est une jolie petite fille qui commence à attirer le regard des hommes.

Pas loin, il y a la maison des hijras, ces femmes qui sont nés dans un corps d’homme.

Au milieu de ces femmes un homme, le méchant, propriétaire d’un des temple de la ville dont la concupiscence se drape d’aide aux plus démunis.

Je disais donc que j’ai aimé cette plongée dans l’Inde moderne où l’on brûle encore les corps, où les basses castes sont toujours à part.

Mais sous ce verni de coutume, les hommes sont toujours dominants, décrit comme ayant le sexe à la main comme les divinités qu’ils vénèrent.

J’ai aimé que l’auteure soit au plus près de ses personnages, notamment Bholi et ses barrettes papillons qui brillent.

Une fin un peu cousue de fil blanc qui m’a laissé dubitative après le grand final révolutionnaire.

Et puis Chinti petite fourmi, répété à l’envie, a fini par me lasser.

L’image que je retiendrai : celle des odeurs, des saveurs et des couleurs.

Pascale B.
Un sari pour un sourire

Portraits de femmes vivant à La Ruelle, quartier pauvre de l’Inde.
Veena se bat pour survivre dans une communauté de prostituées, mère de Chianti, 10 ans.
Sadhana est transsexuelle, mystifiée et pestiférée vivant recluse.

Chinti, secrète et observatrice, assiste invisible au langage des corps et de la chair. Elle est l’enfant protégée de ces femmes auxquelles elle apporte le rire et la lumière dans une existence qui n’invite pas à sourire mais juste à encaisser dans la misère et sans aucune légitimité

Chinti est emmenée par Shivnath, homme de dieu persuadé de sa supériorité, et passe de l’enfer de la rue au paradis du confort. Fou d’elle, il décide de faire de cette « petite fourmi » sa déesse et de la consacrer loin de la pauvreté.

Ananda Devi dresse un tableau méthodique et hyper réaliste de la vie en Inde et décortique les sentiments avec poésie.
Elle insuffle dans son récit la révolte et la colère face à l’impuissance de ces femmes, à l’hypocrisie et l’absurdité d’une société patriarcale qui rachète ses péchés commodément.
Elle nous guide vers une fin surprenante, pied de nez à la grandeur masculine.