Alex-Mot-à-Mots
famille, suspens

Il y avait longtemps que je n’avais pas lu l’auteur. Sur les conseils (et le prêt d’une amie), je me lance.

J’ai aimé cette lignée d’hommes qui joue de malchance : le grand-père envoyé en Sibérie ; le père dans le Sahara et qui ne trouve pas d’emploi fixe ; le fils qui collectionne les étudiantes malgré ses pratiques douteuses.

J’ai aimé la Grande Maison, point de repère de la famille, même si au début du roman, elle ne leur appartient pas.

J’ai eu de la peine pour les réfugiés dans les grottes du Mocho où se retrouvent les bannis de la société.

J’ai aimé les leitmotivs qui relient les fils à leur père : la veste de cuir, les rails du train, le vent que rien n’arrête, la bague à la perle noire.

J’ai aimé que l’auteur m’emmène en Russie avec les espagnols et autres européens au côté des Allemands : le froid, les prisonniers, et puis la déportation. Mais j’ai trouvé un peu facile Olga qui revient et libère le grand-père.

Un peu sortie de nulle part également M. Luna, qui prend le père sous son aile et qui devient un ami jusqu’à la fin de sa vie. Au début du roman, M. Luna n’était jamais mentionné.

Je n’ai pas aimé le personnage de l’infirmier anglais qui se prend pour le Prince des Ténèbres : que fait-il exactement, à part prendre des photos ? Mon imagination n’est pas allée jusqu’à imaginer le pire.

Mais j’ai aimé que ce roman me parle des pères incapables de dire leur amour pour leur fils, ce qui les handicapera toute leur vie.

Quelques citations :

Sans doute parce que je ne vois pas le Diable, mais seulement un fils imparfait abandonné par un père trop cruel et arrogant pour comprendre et pardonner sa révolte. (p.110)

…même si tu es le fruit d’une tragédie dont tu n’es absolument pas responsable. (p.352)

L’image que je retiendrai :

Celle de la belle-fille du fils qui se rend dans des soirées échangistes à 17 ans.

Eric R.
Tentaculaire et prodigieux

Victor Del Arbol nous avait conquis avec La tristesse du Samouraï dans lequel l’écrivain, sur fond de franquisme, démontrait combien les secrets familiaux pouvaient emprisonner dans leurs vies, des hommes et des femmes d’aujourd’hui.
Passé, secret, famille, on trouve les mêmes mots clés dans Le fils du père dont le titre dévoile déjà une partie du livre. Il s’agit bien au cours de ces 350 pages addictives et denses, de remonter l’histoire d’une famille. Du fils vers le père, mais aussi du père, vers le grand père. Trois hommes violents, trois hommes qui utilisent leurs mains, leurs armes, leurs mots pour anéantir ceux qui les entourent. On remonte en 1936, à la confrontations des anarchistes avec les futurs phalangistes, des riches propriétaires terriens avec les paysans. Sur le front russe, le grand-père deviendra meurtrier. Le fils partira tour dans la Légion étrangère et couvrira ses mains de sang. Le petit fils, enseignant à l’université semble, par son métier pouvoir échapper à la malédiction. Il semble, car dès les premières lignes, aucun doute n’est permis: Diego a tué un homme de deux balles dans la tête.
Peut on s’extraire d’une malédiction familiale? De carences affectives qui se perpétuent de génération en génération? L’auteur fait preuve d’une technique diabolique utilisant à merveille les flash-backs pour construire un gigantesque puzzle de sang que le lecteur reconstruit chapitre après chapitre.
A la lecture de ce livre noir, le lecteur ne raisonne pourtant plus en noir et blanc, en bien et mal. Une ultime révélation dira combien ce que l’on croit être la vérité sur laquelle on fonde son jugement peut être un mensonge. Tout est beaucoup plus complexe que les apparences, que la vision enfantine d’un univers d’adultes brinquebalant.

Audrey V.

L'histoire bouleversante de trois générations d'hommes issus d'une même famille qui reçoivent comme unique héritage la violence. Trois époques, trois personnalités qui cherchent désespérément à s'émanciper du modèle paternel mais une réalité : une hérédité pesante qui les mène vers une sombre destinée. Parts d'ombre et d'humanité se mêlent causant un certain trouble. Un roman qui ébranle, fascine, qui se lit avec impatience.