sandrine57

Quand le grand-père du grand-père a acheté un terrain et construit sa maison aux abords de Budapest, il n'y avait que des champs et un vague projet d'agrandissement de la petite gare, un peu plus loin. Mais Nyugati, la gare de l'Ouest, n'a cessé de croître et a étendu ses tentacules de rails jusque dans le jardin des Mandy réduit à un triangle de terre, sans cesse recouvert des détritus jetés par les voyageurs. Mais les Mandy sont des résistants, ils n'ont rien voulu céder aux chemins de fer et vivent depuis des générations au bord des rails, dans le bruit assourdissant des trains de plus en plus nombreux. Imre, son grand-père, ses parents et sa grande sœur Agi se sont adaptés aux horaires des trains, aux ordures, à l'isolement. Unis malgré leurs secrets et leurs silences, ils font face aux aléas de la vie. Marqués par l'Histoire de la Hongrie, la famille vivote, plantée dans son bout de terre, même si les enfants rêvent de liberté, de Californie, de surfeuses ou simplement de quitter la maison au bord des rails.

A travers les yeux d'Imre, Alice Zeniter raconte l'histoire d'une famille et celle de la Hongrie, petit pays trop souvent malmené...par les autrichiens, les allemands, les soviétiques. Chez les Mandy, on cultive les secrets, les non-dits, les malheurs, les deuils. En grandissant, Imre s'interroge. Pourquoi le grand-père se soûle-t-il chaque année le 2 mai ? Comment a-t-il été blessé à la jambe ? Comment est morte la grand-mère ? Pourquoi son père s'appelle-t-il Pal alors que tous les premiers-nés de la famille sont des Imre ? Les réponses viendront, et avec elles, de douloureux souvenirs. Le sort semble s'être acharné sur les Mandy comme sur la Hongrie. Les hommes en ont pâti, les femmes encore plus. Imre observe, apprend, rêve d'une autre vie. Pourtant, la chute du mur tant attendue sera une autre désillusion. Que faire de cette liberté toute neuve ? Peut-on changer le sombre destin qui semble leur coller à la peau ? Tant d'interrogations et tant de tristesse dans ce livre d'une grande tristesse traversée par des moments de poésie et d'optimisme.
Personnages attachants, découverte de l'histoire hongroise et belle écriture, concise, précise, pour un roman court, sombre et mélancolique. Une belle découverte.

Alex-Mot-à-Mots
Amour, famille, Hongrie

Je découvre l'auteur avec ce roman, Prix du livre Inter en 2013.
Et je découvre la Hongrie et la famille Mandy, qui habite depuis 3 générations dans la maison au bord des rails. Une famille qui tente de traverser tant bien que mal l'Histoire, depuis l'invasion allemande des années 30 jusqu'à l'effondrement du bloc de l'Est.
Je me suis prise d'amitié pour le personnage d'Imre, jeune homme sans ambition qui, au contraire des trains qui passent devant son jardin, ne cherchent pas à partir.
En revanche, les secrets de famille, révélés peu à peu, créent une atmosphère lourde et triste.
Et puis les chansons, la musique, omniprésente mais triste, contribuent à la beauté du roman.

nymeria

« Sombre dimanche » est un roman qui mélange habilement récit historique et drame familial. En nous faisant partager la petite histoire d’une famille hongroise, Alice Zeniter nous fait rentrer par la petite porte de la grande Histoire, depuis la guerre froide et le communisme jusqu’à la chute du mur de Berlin. Ce sont trois générations qui vivent sous le même toit et cultivent leur souffrance comme si c’était autant de trésors. Entre le grand-père gâteux qui peste contre le capitalisme naissant qui pousse toujours plus de touristes jusqu’à sa porte, le père taiseux qui ressasse de vilaines blessures qui lui ont été infligées par le suicide de sa femme et les enfants qui sont, au choix, fou ou plein d’un espoir mort-né, difficile de ne pas se laisser par la mélancolie ambiante, par cette chape de plomb qui semble peser sur l’âme de cette famille meurtrie par la vie.

nymeria

« Sombre dimanche » est un roman qui mélange habilement récit historique et drame familial. En nous faisant partager la petite histoire d’une famille hongroise, Alice Zeniter nous fait rentrer par la petite porte de la grande Histoire, depuis la guerre froide et le communisme jusqu’à la chute du mur de Berlin. Ce sont trois générations qui vivent sous le même toit et cultivent leur souffrance comme si c’était autant de trésors.

Yv

Je viens d'apprendre qu'Alice Zeniter est la nouvelle lauréate du prix Inter, je recycle donc mon article de début janvier, pour coller à l'actualité. Voyez ce que j'en disais :