sandrine57

Avec un grand-père paternel fusillé à la Libération et un grand-père maternel enrichi grâce au marché noir, l'héritage est lourd pour Pierre Miquelon, adolescent des années 80. Mais Pierre n'en sait rien. Dans la famille, le sujet est tabou et jamais on ne parle ni du collabo ni du salaud. Tout au plus sait-il que Marcel Miquelon travaillait à la Propagandastaffel où il était chargé de censurer les oeuvres écrites pour les débarrasser de tout ce qui pouvait déplaire à l'occupant allemand.Bien loin de ce passé honteux, Pierre a été élevé par des gens bien, sans histoires, des français moyens, fiers de leur petit pavillon de banlieue, contents du peu qu'ils possèdent et ne se désirant pour leurs enfants qu'un bonheur simple et un bon travail. Et Pierre répond à toutes leurs aspirations. Adolescent paisible, il passe son bac et entre en BTS gestion commerciale. Hélas, une rupture sentimentale va le faire dévier du chemin tout tracé. Il arrête son BTS, entre dans une école commerciale, se découvre homosexuel, s'éprend de Thierry et quitte l'Oise pour le Loiret, un boulot de créateur de mots croisés et la vie de couple. Finalement quitté par Thierry, il s'installe dans l'Aude, dans la maison familiale, et c'est là qu'il trouve les archives de son grand-père Marcel. En fouillant les cartons, il se fait peu à peu une autre idée de ce collabo, le découvrant plus passionné de théâtre et écrivain raté que fervent admirateur d'Hitler et de ses sbires.

En entremêlant les destins d'un obscur gratte-papier mais fervent censeur, sûr de travailler pour le bien des belles lettres, naïf et maladroit pendant l'Occupation et son petit fils qui se cherche dans la France des années 80, Côme MARTIN-KARL pose la question du lien familial par-delà le temps. Et ce qui lie les Miquelon, c'est bel et bien la médiocrité. Leurs destins sont très différents bien sûr mais le ciment en est la petitesse des ambitions, ce désir de s'élever mais sans faire de vagues pour finalement rester à l'écart de la réussite. Si le procédé est intéressant puisqu'il permet de visiter deux époques, la guerre d'abord, avec le climat délétère de l'Occupation et la frénésie de la Libération, et les années 80 ensuite, époque sans réelle ampleur où tous les espoirs de réussites résidaient dans les vertus de l'ascenseur social. Cependant, si on suit les péripéties de ses deux anti-héros avec un certain intérêt, on a tout de même du mal à voir où l'auteur veut en venir. L'échec serait-il héréditaire? Espérons que non et laissons ces deux ratés à leurs petits rêves de gloire. Pas indispensable.

o n l a l u
Tel grand-père, tel petit-fils

Attention premier roman jubilatoire ! A travers les portraits croisés d’un grand-père collabo pendant le deuxième Guerre mondiale et de son petit-fils, homosexuel en quête d’un destin au début des années 80, Côme Martin-Karl ausculte la médiocrité et l’atavisme chez de petits êtres rêvant de devenir grands. Marcel Miquelon est un fonctionnaire français employé par le Reich pour supprimer tout débordement idéologique de la prose littéraire de ses concitoyens. Grisé par son pouvoir et les sollicitations mondaines qui l’accompagnent, il pense œuvrer pour la littérature et suggère même d’interdire le manuscrit des " Mouches " de Jean-Paul Sartre jusqu’à ce que l’Histoire le rattrape sans même qu’il ne le réalise… En parallèle, son petit- fils, Pierre, est un jeune homme à la vie toute étriquée, y compris dans son couple avec l’atypique Thierry. Lorsque ce dernier, vaincu par l’ennui, s’enfuit, Pierre tente de se construire un destin en s’appuyant sur de vieux documents de son grand-père retrouvés au fond d’une malle… mais là aussi la vie, et surtout l’administration, se chargeront de lui donner une belle leçon. Côme Martin-Karl réussit d’emblée son entrée en littérature avec cette subtile et grinçante peinture parallèle de destinées familiales médiocres. D’une construction habile, son roman fait mouche à chaque phrase. Amateurs de second degré, précipitez-vous...

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