Soloviov et Larionov

Présentation

Soloviov et Larionov est le premier roman de Evgueni Vodolazkine, son
quatrième livre traduit en français. On y retrouve déjà tout ce qui fait le
succès de cet écrivain russe : une plume alerte et pleine d’humour, un style
enlevé, une intrigue originale et plusieurs niveaux de lecture. Comme on le
devine facilement, les protagonistes du roman sont Soloviov et Larionov.
Soloviov est un jeune étudiant en histoire qui a grandi dans un hameau isolé
du nom de 715e kilomètre (six maisons, la voie ferrée et une cabine de garde-
barrière). Il met la dernière main à une thèse consacrée à la vie de Larionov,
dans laquelle il cherche à comprendre pourquoi ce général de l'Armée blanche,
une fois aux mains des Rouges après la prise de la Crimée, non seulement n'a
pas été exécuté, mais a même reçu une pension des Soviétiques. Larionov,
figure au caractère droit, noble et plein de sang-froid, est donc un ancien
général de l’Armée blanche qui a vécu jusqu’à l’âge vénérable de quatre-vingt-
dix ans, dont près de cinquante ans sous le régime soviétique. Les années
précèdant sa mort, il vivait seul dans un appartement communautaire de Yalta
faisant jadis partie de l'ancienne maison d'été familiale. C'est là qu'il a
dicté ses souvenirs et ses pensées à sa jeune voisine, secrétaire dévouée de
ses dernières années. À la mort du général, ces précieux souvenirs
disparaissent. Des années plus tard, en Crimée, l’étudiant Soloviov se met en
tête de les retrouver pour pouvoir enfin répondre à la question qui tauraude
les historiens en Russie et de par le monde. Commence alors une succession
d’événements désopilants qui voient se rencontrer des personnages truculents,
rendant la quête de Soloviov pleine de rebondissements. À Yalta, il fait la
connaissance de plusieurs personnes qui ont connu le général, comme les
enfants des anciens habitants de son appartement communautaire, dont fait
partie Zoïa, fille de la secrétaire du général, employée fantasque et
aventurière du Musée Tchekhov. Il rencontre aussi Taras, éperdument amoureux
de Zoïa, une équipe de vieux aristocrates séniles et nostalgiques. Suite à des
aventures rocambolesques, Soloviov qui a enfin retrouvé les manuscrits tant
convoités, expose les résultats de ses recherches lors d’une conférence de
deux jours intitulée "Le général Larionov comme texte". C’est l’occasion pour
Vodolazkine de dépeindre une scène particulièrement comique digne des frères
Marx. Mais, à peine le lecteur est-il tenté de croire que ce qui est relaté
est véridique, ou inspiré de faits historiques réels, qu'il se heurte aux
commentaires loufoques et aux notes pseudo-scientifiques parsemés par
l'auteur. Par cette sorte de mise en abîme, Vodolazkine, lui-même docteur en
philologie, réussit le tour de force d’égarer le lecteur entre réalité et
fiction et de transformer son roman en un habile jeu historique et
scientifique, le tout avec humour et une autodérision pleine de tendresse.
Dans ce premier roman sont déjà présentes toutes les caractéristiques des
oeuvres ultérieures de Vodolazkine: un style parfaitement maîtrisé (Les Quatre
Vies d'Arseni), une intrigue prenante (L'Aviateur), des personnages
attachants, forts, complexes et entiers à la fois (Brisbane), ainsi qu'une
réflexion sur le temps qui déstabilise le lecteur, omniprésente dans ses
romans. Evgueni Vodolazkine est historien, philologue, médiéviste, écrivain et
critique littéraire russe, spécialiste de la littérature russe ancienne et
chercheur à l'Académie des sciences de Russie. Il vit aujourd'hui à Saint-
Pétersbourg. Les Quatre vies d’Arseni lui a valu une reconnaissance nationale
et le prestigieux prix Bolchaïa Kniga, L'Aviateur et Brisbane sont devenus des
bestseller en Russie comme à l'étranger. Ses livres sont traduits dans une
trentaine de langues. Soloviov et Larionov est son premier roman publié, le
quatrième publié aux Syrtes.