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Bakhtine Mikhail
Âge d'homme
Slavica
Présentation
Le dernier dialogue est le dernier ouvrage du philosophe qui a eu son heure de gloire dans les années 70-80. Ce philosophe a été lancé en France par Tzetan Todorov. Dans son livre la signature humaine, il établit un parallèle très intéressant entre Bakthine et Jakobson Roman, un des grands maîtres de la linguistique du XXe siècle. Bakhtine, né en 1895 à Orel, Empire russe, mort en 1975, à Moscou, est un historien et théoricien russe de la littérature. C'est pour ses travaux sur le roman qu'il est le plus connu, des cercles Bakhtine fleuriront aux Etats-Unis comme au Canada. Pour Bakhtine le roman est le seul genre littéraire en contact avec la réalité. Gallimard a publié Esthétique et théorie du roman en 1978, Estéthique de la création verbale en 1984.
Ce texte a une histoire particulière qui s'inscrit étonnamment dans l'histoire générale des rapports tumultueux entre l'intelligentsia russe de noble et vieille tradition avec le pouvoir soviétique censé incarner le monde nouveau. En effet, sans le procès de Siniavski et Daniel, il est peu probable que le dernier livre de Mikhaïl Bakhtine ait vu le jour. Et quand, peu avant sa mort, en 1973, rue de l'Armée rouge, à Moscou, il raconte sa vie à Victor Douvakine, ni l'un ni l'autre ne pouvait supposer que l'enregistrement de leurs entretiens, semi-confidentiels, puisse faire un jour l'objet d'une publication. Mais le régime allait changer pour le meilleur et pour le pire et son déclin a eu quelques effets pervers, parmi lesquels on peut compter ce témoignage de l'un des plus grands penseurs russes du XXe siècle sur sa vie, son oeuvre et son époque. Le professeur Victor Douvakine, de l'université de Moscou, fut, en effet, appelé à témoigner au procès de ses étudiants Siniavski et Daniel, accusés d'avoir publié à l'étranger sous des pseudonymes des textes antisoviétiques. Il était dans l'ordre des choses que son témoignage accable les " ennemis du peuple ", mais il n'en a rien été. Tout au contraire. Et son mauvais esprit lui valut d'être interdit d'enseignement. Bien que ces entretiens constituent l'équivalent de l'autobiographie que Bakhtine a toujours refusé d'écrire, il y parle assez peu de lui-même et quand il en parle il prend soin d'inscrire ses confidences dans le contexte de l'époque et de se situer toujours par rapport aux autres. Ce ne sera pas pour surprendre les lecteurs familiers de son " dialogisme ". Mais aujourd'hui ceux-ci seront certainement plus rares que par le passé et on a peine à se souvenir qu'il y a une trentaine d'années, le nom de Bakhtine régnait sur les lettres mondiales.
Ce livre est avant tout une œuvre de foi, celle d’un homme qui accepte tout ce qui lui arrive, le bien comme le mal, parce qu’il y voit l’accomplissement des lois de Dieu. On peut se demander si, au fond, Bakhtine, dans son acceptation des voies de la providence, ne pensait pas que la révolution russe avait été le juste châtiment infligé à une humanité corrompue, comme Joseph de Maistre le pensait de la révolution française. Mais ce qui frappe surtout à l'écoute de ses confidences sur les périodes qu'il a connues, c'est la nostalgie de ses années de jeunesse, celles qui ont précédé les révolutions, cet âge d'argent qu'il idéalise presque dans son souvenir. Et quand Douvakine l'interroge sur la révolution de février et sur Kérenski, il est presque plus sévère que sur la révolution d'octobre. C'est, en fait, la nature même de la révolution, de toute révolution, qui lui paraît démoniaque. Il n'y a pourtant aucun catastrophisme dans la vision du monde de Bakhtine, il était sans doute trop profondément religieux pour partager les pressentiments funestes de tous ceux qui, depuis Baudelaire ont vu dans l'avènement de la société de masse la source de la décadence.
Caractéristiques
EAN13 | 9782825142363 |
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ISBN | 978-2-8251-4236-3 |
Éditeur | Âge d'homme |
Date de publication | 3 janvier 2013 |
Collection | Slavica |
Poids | 401 g |
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