Livres Littérature et Essais littéraires Romans contemporains Francophones 180 jours, roman Isabelle Sorente
Livres Littérature et Essais littéraires Romans contemporains Francophones 180 jours, roman Isabelle Sorente

Présentation

180 jours, c’est le temps qui sépare la naissance d’un porc de sa mort à l’abattoir. Ce sont aussi les six mois qui font basculer la vie d’un homme.

Quand Martin Enders accepte de se rendre dans un élevage industriel pour les besoins de son travail universitaire, il n’imagine pas que le cours de sa vie va s’en trouver bouleversé. Par les secrets que lui révèle Camélia, le porcher. Et par les quinze mille bêtes enfermées dans les différents bâtiments. 
Fondé sur la propre enquête de l’auteur, dévoilant le quotidien surnaturel des animaux dans les systèmes de production industriels, 180 jours est l’histoire d’une amitié entre deux hommes que tout semblait séparer, mais aussi celle de leur rapport aux bêtes. 
Avec ce roman, Isabelle Sorente nous entraîne au bout des départementales, dans les couloirs inavouables de notre modernité, où montent les voix de ceux qui sont privés de parole.

Caractéristiques

EAN13 9782709636650
ISBN 978-2-7096-3665-0
Éditeur JC Lattès
Date de publication
Collection Littérature française
Nombre de pages 450
Dimensions 20,5 x 13,2 x 3 cm
Poids 456 g
Langue français
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Ce qu'ils en pensent

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  • o n l a l u
    Si vous voulez devenir végétarien

    Au menu de la rentrée 2012, le " Comme une bête " (Gallimard) de Joy Sorman plongeait son lecteur dans le quotidien de Pim, un apprenti boucher épris de son travail et des bêtes destinées à son étal. Quiconque aura apprécié cet ouvrage sera probablement curieux de découvrir les " 180 jours " d'Isabelle Sorente qui a, elle aussi, choisi le genre romanesque pour aborder la condition animale en lien avec l'industrie agro-alimentaire, sur laquelle elle a longuement enquêté.

    Pour les besoins de son séminaire sur la question animale, Martin Enders, un jeune professeur de philosophie, décide de s'immerger dans le quotidien d'un élevage porcin de province. Sans être un fervent défenseur des animaux ni un végétarien convaincu, Martin se doutait que l'expérience serait éprouvante. Mais ce qu'il découvre dans cet univers quasi surnaturel, où chaque geste est guidé par  la logique industrielle de rendement maximal, dépasse l'entendement : quinze mille porcs disséminés dans sept bâtiments selon leur stade d'engraissement, qui ne verront jamais la lumière du jour, entassés les uns sur les autres jusqu'à leur départ pour l' "Outil ", où ils seront abattus, transformés et finiront sous vide dans les rayons d'un supermarché. Au contact de Camélia, un jeune porcher estimé de tous et destiné à reprendre l'entreprise, Martin se familiarise avec les bêtes et en vient à s'interroger sur leur condition. Que ressentent-elles au fil des 180 jours de leur triste existence ? Ont-elles conscience qu'une mort certaine les attend ? Quelques spécimens semblent pourtant sortir du lot : c'est le cas de Marina, une truie aux yeux fardés de noir ainsi nommée par Camélia, qui s'échappe parfois de son box pour se dégourdir les pattes et préfère éliminer sa progéniture à la naissance pour lui épargner une existence misérable. De plus en plus isolé parmi son entourage, qui ne veut rien connaître de son expérience, Martin se rapproche de Camélia avec qui il se découvre de nombreux point communs. Mais leur entraide, nécessaire dans cet univers où l'on ne peut que s'endurcir ou sombrer, leur permettra-t-elle pour autant de tenir le coup?

    Les âmes sensibles -dont je suis- auront tôt fait de remiser ce roman, pensant se prémunir contre une réalité aussi laide que perturbante de nos sociétés de consommation, réflexe qui pourrait néanmoins vous faire passer à côté d'un ouvrage important, voire essentiel. Si le choix de la narration romanesque n'atténue en rien la violence des descriptions, " 180 jours " ne s'apparente pas pour autant à un plaidoyer pour la cause animale même s'il invite son lecteur à s'interroger sur le statut de l'animal en tant qu'objet soi-disant privé de sentiments. L'amitié entre Martin et Camélia demeure le coeur du récit et, à travers cette amitié, leurs conditions de travail qui tendent elles aussi  vers une déshumanisation, au point que le destin des hommes se trouve lié à celui des bêtes. Technicisé à l'extrême, ce lieu caché, occulté car honteux, où la vie est savamment domestiquée et soumise aux chiffres, a quelque chose de futuriste, version " Orange mécanique ". " 180 jours "_ _: roman d'anticipation ? Cela n'est pas à souhaiter...

    Lire la suite de la critique sur le site o n l a l u

  • claudialucia
    180 jours d'Isabelle Sorente

    "Alors comme ça, Enders, vous vous posez des questions. C'est mon métier, ai-je dit à Legai. Il m'a jeté un coup d'oeil ironique. Il paraît que les gens qui se posent trop de questions sont moins heureux que les autres… Et vous croyez qu'on est heureux en faisant semblant de ne pas s'en poser? J'ai jamais dit que j'avais la recette, a soupiré Legai."

    Je ne sais si 180 jours d'Isabelle Sorrente aura un grand poids dans la rentrée littéraire 2013 car le sujet est loin d'être souriant et risque d'en rebuter plus d'un! Mais ce que je sais c'est que ce livre est un coup de poing, qu'il présente écriture puissante qui m'a interpellée et qu'il pose des questions fondamentales sur l'humain et sur la vie en général.

    Le thème
    180 jours, c'est le temps qui sépare la naissance d'un porc de sa mort dans l'abattoir. Martin Enders, professeur de philosophie, a tout pour être heureux dans la vie, sa réussite à l'université, son amour pour sa femme Elsa, journaliste, son admiration pour son mentor, collègue et supérieur hiérarchique, le brillant Dionys Marco. Pourtant le jour où la fille de Dionys, Tico, vient, avec la dureté et l'intransigeance de la jeunesse, dire son indignation devant les gens indifférents aux souffrances des animaux, elle va déclencher un séisme dans sa vie. Peu de temps après Marco envoie Martin faire une enquête dans une porcherie industrielle afin de préparer un séminaire philosophique sur l'animal.

    Un roman beau et bouleversant
    Voilà pour le thème! NON, le livre de Isabelle Sorente n'est pas un documentaire (même s'il est très documenté), non ce n'est pas une démonstration partisane (même s'il vous bouleverse), ni un essai pour vous culpabiliser (même si vous ne vous sentez pas bien). Il s'agit d'un Roman écrit d'une plume vigoureuse et sans concession, qui vous tient en haleine, avec des personnages auxquels on s'attache et dont la psychologie complexe, sans manichéisme, évite au roman schématisme, mièvrerie et bons sentiments. Et si 180 jours parle de la souffrance animale, s'il explore la frontière fragile et poreuse qui sépare l'humain et l'animal, c'est aussi un livre sur les rapports entre les hommes, la souffrance d'être différent des autres, les affres de l'adolescence, l'amitié, la solidarité, l'amour et, bien sûr, face à la mort omniprésente dans le récit, une réflexion sur la vie.

    Les personnages
    Il n'est pas étonnant qu'Isabelle Sorrente ait choisi pour personnage principal et narrateur un professeur de philosophie Martin Enders. Quelqu'un dont c'est le métier de poser des questions :
    "Je m'intéresse à l'automatisation des actions humaines, explique-t-il à Jean Legay, le PDG de l'entreprise industrielle. Celles qui autrefois reliaient les hommes à la nature n'échappent pas à la règle, alors je voudrais savoir si les rapports avec les animaux sont encore possibles ou s'ils sont voués à devenir entièrement mécaniques."
    C'est en rencontrant Camélia, le porcher, qui a su rester humain malgré son travail, avec lequel il se lie d'amitié malgré la différence sociale, que Martin effectuera cette descente aux Enfers. Accession à une connaissance qui va bouleverser sa vie. Il subira ce que les employés de la porcherie appellent le Jet-lag quand ils sortent de leur lieu de travail, semblable au décalage horaire vécu lors d'un voyage en avion, le décalage entre l'extérieur et l'intérieur des bâtiments, l'impression de devoir réajuster deux réalités qui n'ont rien de commun et trop souvent le sentiment de ne pas y parvenir.

    L'élevage industriel, miroir de notre monde
    L'élevage industriel est une entreprise d'anéantissement à une telle échelle- quinze mille têtes- qu'il est difficile sinon impossible d'en sortir indemne lorsqu'on en est le témoin ou quand on y travaille. Les méthodes qui y sont utilisées ont pour but l'extermination. Elles sont semblables à celles utilisées dans les camps de concentration même si elles s'appliquent à des animaux. L'homme pour parvenir à faire naître, vivre et mourir des animaux en une telle quantité se posent les mêmes questions que les nazis de la solution finale. Quand l'homme en arrive pour se nourrir à une telle déshumanisation, quand l'animal n'est plus qu'une "viande sur pattes", qu'il est entièrement "désanimalisé" (si je peux risquer ce néologisme), et qu'il souffre physiquement aussi bien que psychiquement, alors l'homme et la bête finissent beaucoup par se ressembler. Enfermées dans l'obscurité totale, dans un espace réduit, dans des conditions épouvantables, le porc a peur, tremble, gémit comme un enfant malade, pleure, hurle, refuse sa condition porcine, devient fou. Il faut des calmants pour le faire taire, son coeur peut s'arrêter de battre à tout instant. C'est avec un immense talent qu'Isabelle Sorente nous fait sentir cela. Elle amène son lecteur à glisser, par une gigantesque métaphore, de la porcherie à la "cage" où nous vivons tous, de l'Outil qui est la machine à débiter la vie des cochons, à la condition humaine, de l'abattoir à notre mort. La porcherie n'est qu'un miroir, le reflet de nous-mêmes. En nous parlant des porcs, c'est de nous qu'Isabelle Sorente nous entretient.

    " Le nombre des panneaux Exit, où un type illuminé par une lumière verte court vers une cage d'escalier témoigne d'une foi aveugle en l'issue de secours. Mais dans la cage d'escalier qu'entend-on, si ce n'est le bruit régulier d'un moteur? Le bruit lointain de la chaîne d'abattage au bout de la route?"

    C'est pourtant sur la vie que se termine le roman avec l'enfant que porte Elsa et que Martin, malgré sa lucidité exempte d'illusions, malgré sa peur, a fini par accepter.
    "Bientôt tu porteras mon nom, je te parlerai comme on parle aux enfants. Comme s'il n'y avait pas de second stade au miroir. Comme si je n'étais pas un animal qui meurt. Est-ce parce que j'ai commencé à t'imaginer? J'aime écouter les rires qui éclatent sans raison, je me dis que toi aussi, tu courras après le pigeons, peut-être que tes cheveux seront roux, comme ceux de ta mère. Je ne passe nulle part sans observer les enfants. Il arrive que les plus jeunes se mettent à crier, sans raison apparente, dans une salle bien éclairée. Ils savent ce que cache le décor aseptisé, à quel prix se maintient la température de confort. Le hurlement étouffé par les mouvement automatiques. Même si personne ne l'entend, si personne ne le voit. L'Outil respire partout."

    Une magnifique écriture
    L'écriture d'Isabelle Sorente a parfois une telle puissance d'évocation qu'elle vous laisse pantois. J'ai été fascinée par certains passages qui sont des temps si forts dans le récit qu'après les avoir lus, on a besoin d'une respiration.

    "Camélia a ajusté sa casquette, la visière à l'envers et il a crié : GARDE A VOUS! ET les deux cent soixante-quatre mâles se sont figés sur place. Ceux qui criaient se sont tus. Ceux qui étaient couchés se sont redressés, les combattants se sont séparés. Garde à vous! a crié Camélia. Le visage fripé, les oreilles tremblantes, ils clignaient des yeux comme des pauvres gars réveillés en sursaut. Camélia a fait quelques pas dans l'allée centrale, il a tourné sa casquette comme un béret grotesque, il a froncé ses sourcils en accent circonflexe : REPOS! Une onde de soulagement a traversé le troupeau, les deux cent soixante-quatre gars ont frémi, libérés d'un sortilège, les porcs ont recommencé dans leurs cases. Tout d'un coup j'avais froid, je me retenais pour ne pas claquer des dents, je tremblais comme un idiot qui a vu une apparition. Pourtant il faisait chaud dans le bâtiment D (Sevrage), le système de climatisation maintenait la température à vingt-cinq degrés. Tout va bien, Martin? a dit Camélia. Il avait repris son air désinvolte. Pourquoi tu as fait ça? Comment c'est possible? Ils comprennent tes ordres. Bien sûr que non, a dit Camélia, t'affole pas comme ça. C'est un phénomène que j'ai constaté, depuis le temps que je travaille à la porcherie, personne n'en parle jamais, toujours est-il que le porc se met au garde-à-vous devant l'homme."

    Les différentes réactions face à l'élevage industriel : Vous reconnaissez-vous?

    Voici les réactions par rapport à l'élevage industriel rencontrées dans le roman.

    Ceux qui ont des intérêts économiques dans ce type d'élevage : Jean Legai
    Ceux qui sont indifférents ou qui ne veulent pas savoir : la plupart des gens.
    Ceux qui pensent que c'est dans l'ordre des choses, le plus faible doit être mangé, on n'y peut rien, les incapables de compassion, les infirmes de l'empathie : Elsa
    Ceux qui disent, ce ne sont que des bêtes, les incapables d'imagination : Dionys Marco
    Ceux qui s'indignent mais ne font rien, les imposteurs : Martin Enders avant de rencontrer Camélia
    Ceux qui ont bonne conscience parce qu'ils sont végétariens : Anne
    Ceux qui agissent, les indignés (Camélia, Tico, Martin) mais que l'on n'entend pas parce qu'ils se heurtent à des lobbies d'une puissance économique telle qu'il est impossible de les dénoncer d'autant plus que les gouvernements s'en font les complices : on sait combien nos gouvernants (écolos ou non) piétinent allègrement leur conscience (s'ils en ont une) quand l'intérêt collectif ou personnel est en jeu.
    Les victimes : les porcs et les employés de la porcherie : Marina, le Boîteux, Camélia, Laurence, Jean-François ... et tant d'autres, porcs ou humains!

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