Présentation
DU MÊME AUTEUR
Autrement, ailleurs, poèmes, Robert Viel, 1977.
Portrait de Gabriel, roman, Gallimard, 1977.
Le Bal des débutantes, roman, Gallimard, 1978.
Les Abîmes du cœur, roman, Gallimard, 1980.
Histoire de Jeanne, transsexuelle, avec Jeanne Nolais, document, Mazarine, 1980.
Les Petites Annonces, roman, Gallimard, 1981.
La Favorite, roman, Gallimard, 1982.
La Nuit de Varennes, ou l'Impossible n'est pas français, essai, Ramsay, 1982.
Tentation, roman, Denoël, 1983.
Triomphe de l'amour, roman, Gallimard, 1983.
Kidnapping, théâtre, Gallimard, 1984.
Regards de femmes, roman, Presses de la Renaissance, 1984.
Soleil, roman, Gallimard, 1985.
Brigitte Bardot, un mythe français, biographie, Olivier Orban, 1986.
Retour à Cythère, roman, Gallimard, 1988.
La Petite Princesse de Dieu. La Vie de sainte Thérèse de Lisieux, biographie, Plon, 1992.
Le Plus Beau Jour de votre vie, nouvelles, Écriture, 1994.
Dalida, avec Orlando, biographie, Plon, 1995.
La Dame au loup, roman, Stock, 1998.
La Chambre de feu, roman, Éditions du Rocher, 2002.
La Société de la fin du spectacle, avec Olivier Schatzky, essai, Éditions du Rocher, 2003.
Les Maîtres du sens : Bergman, Fassbinder, Lynch, Pasolini, Visconti et quelques autres, « Carré Cinéma », essai, Séguier, 2005.
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eISBN 978-2-8098-1213-8
Copyright © L'Archipel, 2007.
Les chats puissants et doux,
orgueil de la maison ...
Charles Baudelaire
Félicité
Le mot feles, « chat », voisine en latin avec felix, « heureux ». D'où Félix le Chat, la célèbre créature dessinée. Depuis toujours, chat et bonheur s'accordent. Dès l'Égypte ancienne, puis dans la tradition chrétienne, le chat est détenteur de connaissance. Mahomet, dit-on, l'avait perçu, qui accorda au chat une âme et même plusieurs. Dans l'hindouisme, Shiva lui attribua neuf vies, afin qu'il puisse, à travers ses réincarnations, transmettre aux hommes ses enseignements.
Le chat est mystère. Quel est donc ce savoir ésotérique qu'il est censé détenir, au nom duquel il fut autrefois déifié, brûlé ensuite sous l'Inquisition ? Il s'agit, tout simplement, du secret du bonheur terrestre que l'homme a perdu avec la Chute. Les chats viennent de très loin pour nous aider à le retrouver.
Ceux d'entre eux qui, tels les personnages d'un roman, traversent ce livre, m'ont chargée de transmettre leur message. Je me suis efforcée de le mettre en mots. À un moment, j'ai eu l'impression d'entrer en contact avec l'âme des chats. J'espère que le lecteur en retirera autant de bienfaits que moi en écrivant. Et je remercie tous ceux qui, apprenant que je travaillais sur ce sujet, s'éclairaient et me narraient aussitôt une de ces « histoires extraordinaires » que chérissent les amateurs de chats :
— Il faut absolument que tu racontes ça...
Histoire d'eau
Enfant je lisais et relisais un livre de contes et légendes des animaux. Dans une version arabe du mythe de l'arche de Noé, un couple de souris s'en donnait à cœur joie sur l'embarcation. Elles s'y ennuyaient un peu et, pour se distraire, s'aimaient à longueur de temps. Une horde de souriceaux en résulta. La famille Rongeur dévorait les stocks de grain entreposés par Noé, mettant en péril la survie des autres bêtes. Le patriarche inquiet consulta le lion. Le roi des animaux plissa dédaigneusement les yeux et éternua. De chaque auguste narine un chat fut expulsé. Ce genre de naissance n'étonne pas dans la mythologie : le chat y est donc le fils du lion.
Les félins se mirent sans tarder au travail et les hôtes indésirables cessèrent de nuire. Les chats acquirent alors un statut privilégié : on les célébra, on déposa devant eux des offrandes. Habitués à se laisser adorer, ils devinrent, à l'instar de leur redoutable père, un peu arrogants et même paresseux. Ils finirent par exaspérer Noé qui, une tempête s'élevant, les attacha sur le pont pour leur apprendre à vivre. Les chats passèrent un mauvais quart d'heure, mais ils acquirent le sens de l'équilibre. Le calme revenu, ils craignirent l'eau. Mais ils continuèrent à raffoler du poisson, leur nourriture première.
Morale de la fable : les chats retombent (presque) toujours sur leurs pattes. Ils s'ingénient à rétablir le sens de l'équilibre chez les humains, êtres instables. Ce sont des animaux extrêmement utiles, à condition de ne pas trop leur en demander...
On comprend mieux ce que le chat a de royal, puisque le lion est son père symbolique. Sur les peintures rupestres de la grotte Chauvet, les lions, alors présents sur le continent européen, ont la même expression que les chats d'aujourd'hui. En les domestiquant, nous les avons rendus petits et vulnérables ; mais il n'est de plus longue mémoire que la leur.
Cha-cha-cha
Affectueusement, ma mère m'appelait Cat. Comme elle n'aimait pas trop ces animaux, j'en déduisis que je l'inquiétais un peu. Reconnaissait-elle secrètement en moi une incarnation antérieure ?
Comme souvent, ma fascination pour les chats s'est longtemps mêlée de peur. Jeune femme, je me mis à rêver de félins : d'abord un très joli chaton blanc enfermé dans une cage dorée et qui, soudain, à travers les barreaux, se mettait à griffer ; puis des tigres qui rôdaient dans mon appartement. Je compris que les chats venaient me parler en songe. Ils m'avertissaient des changements nécessaires dans ma vie, des périls qui me guettaient.
À nouveau, il y a peu, j'ai rêvé du même chaton de ma jeunesse. Il n'était plus en cage et se tenait bien tranquille. J'en conclus que ce qui m'inquiétait et me plaisait à la fois chez les chats, c'est la partie de ma nature qui s'autorise difficilement à exister : la femme libre.
Une voyante, gitane espagnole, m'a dit que j'avais des yeux de félin et que c'est cela qui, en moi, trouble les hommes. C'est cette liberté qu'ils redoutent et dont eux-mêmes auraient bien besoin. Je l'ai pourtant durement acquise, comme les chats pour qui la vie est une danse où la grâce est de retarder à l'infini la chute.
Le cha-cha-cha à la mode quand j'étais enfant me semblait imiter les mouvements de deux chats qui se guettent, s'attirent, se méfient, s'éloignent et se rapprochent de nouveau. J'avais inventé une chanson bien rythmée, « le cha-cha-cha des chats-chats-chats ». Dès que je la chantais, l'esprit des félins m'investissait, la balourdise me quittait et je dansais très bien...
La voyante espagnole, discernant dans mes pupilles le chat qui dort en moi, me dit encore que les autres le craindraient moins si je ne le redoutais moi-même.
Écrire ce livre, c'est assumer pleinement mon chat intérieur. Peut-être, lecteur, y découvriras-tu aussi le tien. Car c'est un archétype surgi du plus loin du monde. Il aide à retrouver la part perdue, la part qui met à part, la part mystérieuse d'un moi profond. Il a été tout au long de ma vie mon ami et mon guide. Je suis heureuse de lui rendre ici hommage.
Frankencat
C'est un virus qui s'attrape très tôt et ne vous lâche plus. Le chat intérieur surprend toujours, il sort de l'ombre quand on ne l'attend pas. On aime les chats dès l'enfance et pour la vie, bien qu'il y ait aussi des découvertes tardives. On est enchatté comme on est enrhumé, mais c'est plus agréable. Sauf pour les allergiques : commençons donc par le pire.
Chez certains, le chat provoque éternuements, nez coulant, yeux qui pleurent et soupirs asthmatiques. Ils continuent parfois à apprécier les félins et se languissent loin d'eux. Un laboratoire américain a trouvé la solution, par manipulation génétique : le chat antiallergique. Un animal pour snobs, difficile à se procurer. Il faut d'abord prouver que l'on est vraiment allergique au poil de chat. Ceci fait, un spécimen vous est fourni, moyennant quatre mille dollars.
Un jour, une jeune femme pénétrant pour la première fois chez moi se mit quasiment à hurler :
— Quoi ! Il y a un chat ! Je suis allergique !
Je dus enfermer mon Tarzan au fond de l'appartement. Toute la soirée, la vi...
Caractéristiques
EAN13 | 9782841879656 |
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ISBN | 978-2-84187-965-6 |
Éditeur | Archipel |
Date de publication | 5 septembre 2007 |
Collection | RECITS, TEMOIGN |
Nombre de pages | 240 |
Dimensions | 22,5 x 14 cm |
Poids | 310 g |
Langue | français |
Code dewey | 636.8 |
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