GWENAËLLE

Biographie

Tombée dans les livres dès l'enfance, je suis aujourd'hui toujours passionnée par l'écrit. Ecrivain public, j'aide les autres à mettre en forme leurs idées. Blogueuse, je partage mes coups de cœur littéraires. Maman, je lis des histoires à mes enfants... Vous pouvez me retrouver surSKRIBAN

  • Gwenaëlle

    Un temps fou est d’abord et avant tout une histoire d’amour. La rencontre éternellement recommencée entre un homme et une femme. Maud et Vincent se sont déjà vus une première fois, six ans auparavant. Toute une longue soirée sur un canapé à partager des confidences. Et puis, un grand blanc. Elle n’a jamais pu oublier ce moment et quand, des années plus tard, il l’appelle pour lui proposer une collaboration, elle ne peut pas dire autre chose que « oui ». Oui aux retrouvailles, oui au travail commun, oui à l’amour, qui tel une évidence, surgit entre eux.

    J’ai distingué deux parties dans ce livre. La première, que je qualifierais de montée en puissance de cet amour et la seconde qui illustre, comme sur un graphique, par un jeu d’allers et retours entre passé et présent, les creux qui suivent inévitablement l’apogée, symbolisée par l’acte charnel, la consommation de l’amour. L’attente et l’écriture énergique se conjuguent pendant les cent quarante premières pages pour faire croître l’intérêt du lecteur. De beaux passages où le froid de l’hiver se mêle à la chaleur des cœurs qui battent à l’unisson. Curieusement, la narratrice évoque sa mère mais moi, c’est la figure paternelle que j’ai surtout distinguée en filigrane de ce récit. Car c’est d’un amour inconditionnel que rêve Maud et quand elle évoque ce Vincent désiré, on a parfois l’impression d’un nourrisson découvrant dans le brouillard de sa vision la consistance et l’odeur du corps de son père.

    On devine chez Maud un vide immense, un manque, une attente insupportable qu’elle ne semble pas savoir combler autrement qu’en se jetant éperdument dans cet amour fou. Mais de l’amour rêvé à l’amour réel, il y a loin et Maud sera forcément déçue.

    Néanmoins, en dépit de la blessure infligée, Maud continue à voir de temps en temps Vincent et peu à peu, entre eux, c’est un autre sentiment qui s’épanouit. Une complicité amicale, une entente secrète et précieuse tissée des rêves, des peurs et du temps qui passe.
    Il ne vous faudra pas un temps fou pour lire ce roman qui évoque très justement une certaine forme d’amour, un peu bancale, vouée à l’échec, mais qui ressemble parfois à un passage obligé pour mûrir. Comme si la femme ne pouvait être pleinement femme qu’une fois détachée de l’impératif amoureux. Une belle réflexion en forme d’histoire…

  • Gwenaëlle

    J’ai toujours eu un faible pour certains avocats. Et cela est encore plus vrai quand ils sont italiens… Ces considérations toutes personnelles expliquent sans doute pourquoi je lis les aventures de Guido Guerrieri, avocat pénaliste à Bari, depuis le début et avec une joie toujours renouvelée. Les raisons du doute en constituent le troisième volet.
    Guido vient d’être abandonné par sa fiancée Margherita quand un homme lui demande de le défendre, dans une scabreuse affaire de drogue. Fabio Ray-Ban n’est pas un inconnu pour Guido. Il s’en souvient même très bien puisqu’il faisait partie d’un groupe de jeunes brutes fascistes qui, un jour, est tombé sur le dos de Guido et d’un ami, les rouant de coups en pleine rue. On comprend dès lors pourquoi Guerrieri hésite. Pourquoi irait-il défendre ce salaud, dans une affaire perdue d’avance? Mais Guido – cœur d’artichaut – change d’avis quand il rencontre Natsu, la femme de Fabio. Italo-nippone à la beauté sublime, elle agit sur lui d’une façon qui ne laisse aucun doute quant à ses intentions… Guido, tout en se maudissant, accepte de prendre l’affaire.
    Outre l’écriture fluide qui plonge d’emblée le lecteur au cœur de l’histoire et lui donne envie de ne plus lâcher le livre, l’atout majeur de ce roman réside surtout dans le personnage de Guido. Profondément humain, désabusé par moments mais capable aussi de céder aux plus fous espoirs, l’avocat crée par Gianrico Carofiglio pourrait être notre ami. Celui avec qui on boit un petit café, rapidement, sur le zinc le matin, avant de se souhaiter une bonne journée ou qu’on invite à partager un plateau de fruits de mer dans une petite trattoria surplombant la plage. Passionné par son métier, éternel amoureux d’un amour qui n’est pas pour lui, aimant la bonne chère et les nourritures spirituelles, amical et facilement ému, il est aussi celui qui fait des vœux en couleurs et calme le chagrin d’une petite fille au cœur de la nuit.
    Amateur ou non de polars, c’est avec grand plaisir que chacun peut lire cette histoire captivante sans être trop technique, où la violence est tenue à distance par la chaleur humaine et l’humour du personnage.

  • Gwenaëlle

    Il se passe des choses étranges dans le village de Slobozia. Entre ce village pauvre de Moldavie et la forêt qui l’entoure, vont et viennent d’inquiétantes créatures. Et chacun sait qu’il ne faut pas s’approcher de la Fosse aux Lions, un lieu maudit, un lac aux pouvoirs maléfiques. Sauf Victor, qui lui, se sent étrangement apaisé, voire compris par cette vaste étendue d’eau, tantôt sombre comme la nuit, tantôt emplie d’une lumière magique.
    Récit qui prend parfois des allures de conte, dans la Roumanie des années 1960-1990, Terre des Affranchis évoque, avec brio, la vie de quelques personnages, dans ce village intemporel, où la politique se mêle de religion et où la superstition fait force de loi.
    Sur cette terre pauvre, chaque mère n’a pas d’autre choix que d’élever ses enfants avec courage et abnégation. Ana Luca est de celles-là qui, après avoir supporté la violence de son mari, doit prendre en main le destin de Victor et Eugenia, ses enfants. Ils vivent tous les trois dans une petite maison, à l’écart du village. Brutal et innocent à la fois, Victor est parfois sujet à des pulsions qui lui font commettre l’irréparable… Pétri de religion, pourtant, il ne demande qu’à se racheter. Y parviendra-t-il? Sa mère et sa sœur sauront-elles l’aider? Et ces cahiers qu’il remplit sans relâche, le mèneront-ils sur la voie de la rédemption?
    Liliana Lazar, dont c’est ici le premier roman, réussit le tour de force d’écrire dans une langue qui n’est pas la sienne, le français, un roman qui se lit d’une traite. Elle dresse le portrait d’une société, qui faute de pouvoir penser librement, en est réduite à se conformer aux désirs des puissants. Et à s’en remettre au hasard et aux caprices divins pour son salut…

  • Gwenaëlle

    Une tache sur la bras qui a la forme de Manhattan. Un diagnostic sans espoir. Cela suffit pour que la narratrice prenne ses clefs, son chien, quelques affaires et quitte définitivement sa vie, son mari, ses enfants et tout ce qu’elle avait construit.

  • Gwenaëlle

    Ce troisième opus de Larry Beinhart, traduit en français, est la photo, prise sur le vif de l'Amérique blanche post-Bush. Une Amérique chrétienne, bien-pensante, dont la croisade contre les "islamo-fascistes" n'est qu'un paravent destiné à masquer son appétit toujours plus grand pour l'argent.